Le samedi 8 juillet au matin nous atterrissons à Lima. Dès la sortie de l’aéroport on se rend compte qu’on est dans une mégapole et non plus aux Galapagos. On retrouve les parents de Nicolas, Alain et Simone à notre hôtel. Les retrouvailles nous font vraiment plaisir, c’est presque irréel de se retrouver comme ça au bout du monde.


D’entrée nous avons une impression mitigée de la ville de Lima. C’est une mégapole, grise, surchargée par le trafic et très polluée. Pour notre premier jour, nous nous baladons dans le quartier de Miraflores et admirons les « falaises » du bord de mer et les parcs aux bancs multicolores (un petit air de Barcelone). Le lendemain, nous décidons de visiter le centre-ville historique de Lima par nous-même (le guide que nous étions censés avoir n’est jamais venu). Nous nous rendons donc à la place d’armes et sommes étonnés par le charme de ce coin de la ville. Les bâtiments sont colorés et dans un style colonial très joli. Nous avons de la chance d’assister à un cortège de danses traditionnelles péruviennes et également à la relève de la garde devant le palais du gouvernement. C’est un véritable spectacle de 45 minutes avec une fanfare et une chorégraphie très sympa. On se balade dans le centre-ville ainsi que dans le quartier de Barranco avant de retourner manger à Miraflores. Nous sommes surpris par la qualité des restaurants à Lima. On peut trouver de tout et surtout on mange extrêmement bien. La réputation gastronomique de la ville est justifiée.


Après deux jours à Lima, nous reprenons l’avion pour Arequipa. Arequipa se situe à mi-chemin entre la côte et les Andes, à 2335 mètres d’altitude. C’est la deuxième ville du Pérou en terme de population et la ville est surnommée la « ville blanche ». Dès l’atterrissage nous sommes surpris par le paysage grandiose. La ville est entourée par les Andes et notamment le volcan Misti (5800 mètres, qui a la forme « parfaite » d’un volcan) et le mont Chachani (6075 mètres). La ville est pour les péruviens une « ville de campagne » car elle est construite sur différents niveaux avec des mini canyons (sorte d’oasis) qui traversent la ville et permettent de cultiver des légumes et des céréales. La ville est composée essentiellement de bâtiments bas car elle est située sur une zone sismique importante.


Pour notre premier après-midi, nous visitons la ville avec un guide local qui parle couramment français. C’est très intéressant d’avoir plus d’informations sur la vie des locaux ainsi que l’histoire de la ville. Nous apprenons notamment qu’en ville 7 voitures sur 10 sont des taxis. Les habitants n’achètent que rarement une voiture pour un usage privé. Ils se déplacent donc pratiquement tous en taxi et les rues sont bondées de taxis plus ou moins récents (pour certains on se demande comment ils font pour rouler encore). Aucun taxi n’est similaire et ça donne un « chaos » ambulant multicolore dans les rues.


En ville, 100% des habitants ont l’électricité mais seuls 85% ont accès à l’eau. Les quartiers périphériques de la ville, les plus pauvres, ne sont pas encore desservis et les municipalités n’ont pas les moyens d’investir. Le salaire moyen à Arequipa est de 1200 soles par mois (ce qui représente environ 400 Chf). Ici les indemnités chômage n’existent pas et les habitants sont donc obligés de trouver un petit boulot pour gagner de quoi vivre. Nous comprenons donc pourquoi il y a beaucoup de postes de travail qu’on peut qualifier d’ « inefficients ». Par exemple, sur la place principale, une femme en gilet jaune s’occupe de passer des appels pour les personnes qui ont oublié leur téléphone ou qui ont une urgence mais plus d’argent sur leur carte prépayée. D’autres métiers sont surprenants comme par exemple un homme d’un certain âge, assis sur un banc sur la place principale, avec une machine à écrire sur les genoux. Les personnes n’ayant pas les moyens de se payer un notaire vont chez lui, car il sait bien écrire les lettres officielles ou autres documents dont ils ont besoin. Il y a également une « bourse de travail » tous les jours à la sortie de la ville pour les plus pauvres qui, chaque jour vont là-bas à 4-5h du matin pour se trouver un travail pour la journée. Ce sont des « journaliers » qui sont employés par les fermes du coin ou dans le domaine de la construction. Eux, gagnent environ 10-12 chf par jour et ne sont pas assurés d’avoir chaque jour un travail.


Notre séjour à Arequipa nous permet également de nous habituer à l’altitude. Après avoir passé pratiquement deux mois en bord de mer, le changement d’altitude se fait sentir, même pour nous qui sommes habitués aux alpes suisses. Nous expérimentons également un phénomène intéressant avec nos bouteilles de shampoing dans nos trousses de toilettes, qui ont gonflé à cause de l’altitude et certaines ont même « explosé ».


Après deux jours, nous voici habitués à 2300 mètres et nous partons en direction de la vallée de Colca. Pour ce faire, nous contournons le volcan Chachani et entrons dans la réserve de Salinas et Aguada Blanca. Nous montons donc à 4000 mètres et arrivons sur l’Altiplano où nous pouvons observer des alpacas, des lamas et également des vigognes (l’ancêtre de l’alpaca mais entièrement sauvage). Nous sentons l’altitude et sommes très vite essoufflés, même par une simple pause photo. C’est assez irréel de se trouver à 4000 mètres et d’être dans un paysage entièrement plat.


Nous continuons notre route et passons un col à 4900 mètres d’altitude. Là, nous sommes tous un peu chancelants et avons le souffle court et la tête qui tire un peu. Les paysages sont splendides et nous pouvons même observer un volcan en éruption qui crache un nuage de cendre au loin. Nous redescendons dans la vallée de Colca et arrivons dans le village de Coporaque où nous dormons chez l’habitant à 3600 mètres d'altitude. Nous avons donc des chambres « rustiques », non isolées du froid et sans salle de bains. Les lits sont couverts de 5 couches de couvertures en laine, le tout pesant au moins 15 kilos (pas évident de dormir dessous sans se faire écraser). Dans l’après-midi, pour nous habituer à l’altitude, nous nous baladons dans le village et allons rentrer les lamas avec le père de famille. C’est une expérience assez unique. Nous préparons le souper le soir avec sa femme qui est habillée en habit traditionnel (c’est normal pour eux de le porter tous les jours). Ici à Colca, ils mangent énormément de maïs ainsi que des pommes de terre et ils comptent 50 sortes de maïs et près de 3000 sortes de pommes de terre. Incroyable ! Nous apprenons également que le quinoa est une céréale de luxe et que seuls ceux qui le cultive peuvent en manger ici, le reste de la production est destinée à l’export.


A 19h30, nous sommes prêts à dormir car il n’y a pas grand-chose à faire, hormis lire (sous les couvertures). Dans les chambres la température est d’environ 5 degrés et nous sommes bien contents d’avoir les couvertures pour nous réchauffer. Notre première nuit est un peu chaotique avec les chiens de la maison qui aboient (il semble qu’un cochon s’est échappé durant la nuit) et les coqs qui se relaient quand les chiens ont terminé.


Notre deuxième jour dans la vallée de Colca débute tôt le matin (les locaux se lèvent entre 4-5h) et nous partons pour le canyon de Colca ainsi que la croix du condor, magnifique col d’où on peut observer le vol des condors. Nous grimpons à 3800 mètres d’altitude et sommes impressionnés par la vue et par la profondeur du canyon. Là où nous sommes, il plonge de 1500 mètres à pic, mais par endroit il est haut de près de 4500 mètres. La région étant volcanique, nous profitons de bains thermaux l’après-midi pour nous détendre.


Le mal de l’altitude se fait encore sentir mais il n’est pas constant. C’est donc chacun notre tour que nous ressentons un mal de tête, de la peine à respirer, des insomnies ou de la fatigue, mais nous nous adaptons gentiment.

Nous repartons de Colca et roulons vers le lac Titicaca et la ville de Puno au nord. Nous roulons 6h00 à nouveau et sommes bien contents d’arriver. La ville de Puno est à 3800 mètres et nous continuons donc notre acclimatation à l’altitude.